Nourrir 1 500 personnes

Tribune d'artisan

Publié le 02 décembre 2023

Florian Thizy, large souriant au coeur de ses terres

​Un étale au marché de la Croix Rousse

Florian, c’est un étale sur le petit marché de la Croix Rousse. Un parmi d’autre. Sauf que, devant le sien, à 10h, il y a une longuuuuuue file d’attente d'habitués gourmands et patients. Ce n’est pas que ça chôme derrière les tables. Au contraire. Mais les clients le savent. Les légumes qu’ils vont acheter ici leur donnent le sourire. Ils ont un goût unique. Et il y fuse dans le service, de la douceur, des conseils, de la bonne humeur.
Présent deux à trois jours par semaine, c’est un banc de couleur, de variétés et d’abondance. Les appétits se réveillent. Même pour des cardons, les appétits se réveillent !
Et enfin, c’est une petite pancarte tournoyant au-dessus des choux : Une photo de parcelle avec un jeune homme heureux au premier plan. Un nom, une explication : Florian Thizy - Agriculture raisonnée à Duerne.
Florian, c’est un sourire et une gentillesse contagieuse. Calme et posé, tout a l’air d’aller de soi ici.
À croire qu’être maraîcher est un long fleuve tranquille.

Pourquoi parler de l'Agriculture Raisonnée ?

Vous serez peut-être surpris d’un témoignage sur l’agriculture raisonnée dans cette tribune. Surtout quand je vous annonce la recherche de modèles sortant totalement des clous.
Il est très difficile de ne pas basculer dans une échelle de valeur lorsque l’on se rend compte des divergences. Elles s’imposent à nous. Mais comment expliquer cela. Les inspirations naissent aussi des différences. Et surtout, sans lien, sans rencontre, comment se comprendre ? Comment construire durablement ? Car du côté de Florian, il y a un héritage, une vie avant lui dans les champs, la transmission d’un terroir dans les veines. La conviction que le métier peut évoluer pour que les hommes et les femmes de la terre puissent vivre dignement de leur métier, sans se tuer à la tâche. Il y a une recherche et un grand attachement aux goûts. Une aspiration scientifique et une maitrise d’ouvrage. Et tout cela me touche. Parce que nous venons chacun avec nos histoires, nos bagages, en essayant de faire au mieux.
Je vous présenterai aussi des fermes qui sont allées très loin dans le questionnement de leur modèle. J’espère qu’avec ces récits, vous ouvriez des portes sur différentes réalités.

Devant ce banc à La Croix Rousse, je passais. L’œil attiré par la beauté, mais je passais. Je suis assez stricte sur les achats et pour les légumes, je privilégie le BIO et le direct producteur. Cela fait partie de mon champ culturel et de mes valeurs. Si je place mon regard de ce côté-ci, je dirais que l’agriculture raisonnée, ne garantie rien formellement. Cependant, si je l’observe depuis l’agriculture conventionnelle, elle est une porte de sortie vers de petites échelles, une taille humaine. Les techniques et les choix de cultures racontent une posture, une intention. Et je décelais ici, de la beauté, un attachement pour le métier.
Durant le tournage de «Chez Dédé» on découvre que Déborah se fournit ici. Du local pour le restaurant. Et du goût à travailler. Les Chefs.ffes recherchent une matière première qui leur permette de voyager, qui les inspire. Déborah commence sa journée d’escapade ici. Elle la terminera devant son piano, devant ses casseroles pour envelopper ses clients de convivialité, de générosité et elle aussi, de douceur. Ils se ressemblent tous les deux dans ce qu’ils transmettent. C’est une belle continuité pour les légumes de Florian.

Faire connaissance

Et un mercredi, je me suis arrêtée. Puis un suivant. Et quelques autres. Et Florian a accepté que nous faire visiter sa ferme.
_ « Florian, qu’est-ce que c’est l’agriculture raisonnée ? »
_ « C'est avant tout un terme qui me permet de me détacher de l’agriculture conventionnelle. De montrer mon travail. »
Et Florian m’explique : sa ferme s’étend sur 5 hectares (1ha = 10 000m2). Si vous n’y connaissez rien, sachez que c’est tout petit. En France, les monstres de l’agriculture conventionnelle peuvent aller jusqu’à 2000 ha.
Dans les Monts du Lyonnais, on compte 40 ha en moyenne par ferme (tout type d’agriculture confondu). La production de bovin et de vache laitière étant les activités principales.
Sur ses terres, Florian cultive en plein champ et en serre, une cinquantaine de variétés différentes, travaille en système de rotation, met des parcelles au repos, et invite des éleveurs à y pâturer.
Il se situe à Duerne dans l’ouest lyonnais, à 40km du quartier de la Croix Rousse de Lyon où il vend la quasi-totalité de sa production, trois fois par semaine l’été, et deux fois par semaine l’hiver.
Dans son regard, on sent une grande passion pour son métier. Travailler cinquante variétés, ça demande énormément de travail et d’organisation. Cela permet aussi de ne pas appauvrir la terre, de diversifier ses revenus et de participer à une économie locale, en circuits très courts.

Visite des terrains de culture de Florian Thizy

On partira un lundi de novembre et de pluie pour aller le rencontrer. J’ai conscience que ce n’est absolument pas la meilleure saison pour aller visiter une ferme. À cette époque, on prépare la terre pour l’hiver. Les grandes récoltes sont passées et laissent derrière elles des vestiges de profusion. Les herbes ont gagné les champs, les plants commencent à s’affaisser pour lentement disparaître. La terre est boueuse et les lumières ternies.
Mais la terre sent la pluie. La fraîcheur du vent annonce l’hiver et les arbres se colorent. Même avec ce temps maussade. Même avec cette humidité, il faut sortir et prendre soin des cultures.

On descend de la voiture. Franck m’accompagne avec le matériel. On fera quelques images et surtout, on prendra le temps de la discussion. Micro sur moi. Micro prévu pour Florian.

Après le village, on a descendu une route pour remonter sur un petit domaine. On s’est garé sur une bande de terre, juste devant un ancien corps de ferme. Maison de pierres. Une partie habitation. Derrière la cour, l’ancienne étable et les granges.
Nous sortons de la voiture et Florian vient à notre rencontre.

- « Salut Florian, ça va ! Il ne devait pleuvoir que cet aprèm ! »
Un chien aboie.
- « Et oui, on va se mettre à l’abri mais ça va se calmer. Et bien voilà la ferme !»
- «Oh tu es bien ici !»

Description du lieu

800m d’altitude
Petite colline sur laquelle se détachent plusieurs parcelles.
Prés pour la pâture en contrebas avec des mousserons. Deux étangs pour l’arrosage, entourés d’une forêt.
Ferme familiale à quelques kilomètres sur les collines au loin et dans laquelle il a grandi. Des serres à petits fruits, des vaches laitières.

L'ancien corps de ferme

Cucurbitacées

- «Aller, viens, je vous fais visiter !
Ici, c'est une ancienne ferme de cinq hectares qui comprenait trente vaches laitières. Les anciens propriétaires arrivés à la retraire, j’ai pu reprendre il y a trois ans. On a un peu transformé pour accueillir une activité de maraîchage. »
Florian démarre la visite avec une cave dans laquelle repose une profusion de courge.

Est-ce que tu es contents de la récolte de courge cette année ?
- « Oui, très. Une belle récolte cette année. Et des légumes d’hiver en général. Les courges on les rentrent. On attend qu’elles obtiennent une belle couleur cuivrée dans le champ puis on les rentre. Elles ne bougeront plus. Elles vont rester comme ça tout l’hiver. »

Champignons

Florian nous mène dans la cave d’à côté où viendront prendre place les prochains champignons.
- « Tu fais des pleurotes ?»
- «Oui. Pleurotes et j’essaye des Shiitakés cette année !» C’est Florence, une de ses employés qui lui a proposé. «Je n'en ai jamais mangé, je teste !» Autre cave, autre ambiance. Beaucoup plus chargée en humidité et plus tempérée. Le bâti se prête bien à la pousse des champignons. Florian a optimisé pour se servir de ce qui existait déjà et permettre son activité sans trop de modification.
Dans l’obscurité, le champignon se nourrit de son petit ballot de paille. Récoltes toutes les deux semaines environs. Au printemps, il ne restera plus rien.

Chambres froides

Première chambre froide : endives, radis, carottes... Il fait deux degrés. Un vrai mois de novembre pour la conservation des légumes. Parce qu’aujourd’hui, il fait encore 15°C. Beaucoup trop chaud pour la saison. Les légumes sont frais de la semaine, en place pour la vente du mercredi. Si Florian a des surplus de production, il les stocke dans des paloxes « atmosphère contrôlée ». Ce sont de grands caissons-palettes complètement hermétiques. L’oxygène ne rentre pas. Brocolis, choux-fleurs, mâche. Ils pourront se garder deux semaines de plus. Tout est trié, il n’y aura plus qu’à charger dans le camion. A la ferme, Florian emploie deux temps pleins, deux mi-temps et un saisonnier pour la grosse période.

Exploration du domaine

Il ne pleut plus. Nous en profitons pour aller dehors. Florian nous guide sur son domaine.
- « Ça grimpe un peu ! mais on aura une belle vue d’en haut !» Nous passons devant un champ d’orge. Il sera revendu à des éleveurs pour l’alimentation animale.

Légumes plein champ

En plein champ, des blettes, des fenouils, des épinards, des choux, des poireaux. Les betteraves ont déjà été rentrées. Les patates douces, les courgettes sont finies. En plein champ, les herbes ont envahi les espaces de culture. «On la laisse en fin de saison. On laisse pousser, ce n’est pas très grave car je ne récolte plus. Dans deux semaines, tout cela sera broyé et enfoui dans le sol pour ramener de la matière organique. Puis, on sème un couvert végétal (généralement une céréale) avec du radis. Ça va geler dans l’hiver, et occuper le sol. Les herbes envahissantes et embêtantes pour la culture ne s’installeront pas. Quelque chose de sain, que l’on pourra facilement enlever au printemps.»

Exposition et particularités des terres

Le terrain est idéal parce qu’il est bien exposé et dispose d’eau. C’est pour cela qu’il a installé sa ferme ici. Pour plusieurs raisons en réalité. L’emplacement qui lui permet des avantages climatiques, la proximité avec Lyon et St-Etienne, et enfin, la particularité du terrain. Il a une texture sableuse qui confère aux légumes leur goût si parfumé, si sucré. C’est ce que Florian appelle la connaissance du terroir. Son rôle est de le préparer au mieux pour que ses légumes en tirent le plus de saveurs.

Altitude et Vent

Après un petit bosquet, on arrive au sommet. Une très belle vue dégagée sur les Monts du Lyonnais. Florian profite d’une excellente exposition plein sud. Le soleil présent du matin au soir ! «C’est ce qui me permet de cultiver à 800m d’altitude ! Il y a toujours un peu de vent. Un avantage à l’automne et au printemps. Car le vent brasse l’air et empêche les gelées précoces. Mais en hiver ça peut vraiment descendre !»
A l’ouest, une grande parcelle faite de lignes aux dégradés de verts. Plus au nord, une autre.
A l’est et en contrebas, les serres s’étendent sur 3000m2 et derrière, le terrain remonte pour accueillir du plein champ.

Pluie et eau

On se balade dans le champ des brocolis, des carottes, des choux-fleurs et des Romanesco. Des Choux de Bruxelles magnifiques arrivent. Quelques Choux Fleurs sont restés. Florian s’est fait avoir avec les grosses pluies qui ont éclaté les choux, les rendant impropres à la consommation. Ils partiront dans le compost pour nourrir les prochains semis.

Est-ce que l’hiver a du mal à s’installer ?

- «Tout dépend. C’est aléatoire. Ça fait plusieurs années, qu’on a une belle arrière-saison. Sans gel, assez pluvieuse. Pour nous c’est bien parce qu’on peut continuer à vendre des légumes d’été. Les étangs se remplissent. L’année passée, ils ont commencé à se remplir seulement en février, mars. Du coup c’était un peu court. Les étangs étaient juste pleins et les sources presque vides. Ici, elles sont nombreuses à courir sous les champs. S’il pleut beaucoup à l’automne, elles seront bien remplies au printemps. Les étangs pourront baisser en été mais les sources continueront à les alimenter.

Préparer le terrain

Sur la ferme, Florian essaye d’être le plus indépendant possible. Il cultive des céréales et la paille est échangée contre du fumier. Il l’utilise comme matière organique à composter. Au printemps il peut s’en servir pour ses serres et ses champs. «Il faut préparer le terrain». Florian intervient avec de la vinasse de betterave, du carbonate de calcium ou du calcaire marin (débris de coquillage) pour augmenter le ph de la terre afin de cultiver les légumes.

Choux de Bruxelles dans les mains de Florian

Rotation

- «En hiver, on prend soin des serres. On monte et on démonte. Il y a 3000m2 de serre et j’aimerais arriver à 4500m2. Ça me permettrait de diversifier davantage. J’aimerais que la terre puisse disposer de deux à trois mois de repos avant de faire une rotation. On ne fait aucun traitement contre les herbes. Ça me permettrait de les faire germer et de les enlever plus facilement avant de planter. Car tout est fait manuellement. Aujourd’hui, c’est arrachage. Tomate, haricots, aubergines. On dit au revoir aux légumes d’été !»

Il se questionne sur les rotations pour l’année suivante. Tout est noté sur plan, organisé, anticipé. Il travaille avec une application pour répertorier ses îlots.
Au loin, des bandes de fenouil, une bande d’oignon, d’épinard, de blette, une de pomme de terre, de betterave rouges, de cardon forment des dégradés de verts.
Il me montre la cartographie de ses parcelles. On se trouve au milieu. Chaque bande de légumes est notée. Tout ce qu’il plante, toute intervention est mentionnée. Il a l’obligation d’enregistrer tout ce qui se passe sur son terrain pour prétendre aux aides agricoles. Un cuivre, un soufre, un oligo-élément.

Formation

Son savoir-faire vient de ses parents. Après un BAC scientifique en lycée agricole, il passe un BTS agronomie et production végétale. Il a ensuite travaillé sur des fermes, à la fois en maraîchage, en commerce et en horticulture, pour avoir un maximum de savoir.


Quelles sont tes inspirations ?

- «Les techniques innovantes ! Mes grands-parents étaient agriculteurs. Ils «travaillaient bien» mais y passaient tout leur temps et se cassaient physiquement. Je veux des techniques nouvelles pour pas se crever au boulot. Que les salariés soient dans de bonnes conditions et pour se libérer du temps perso ! On travaille du lundi au samedi.»

C’est quoi du matos performant ?

- "Les récoltes sont faites à la main. Mais pour certains semis, je travaille avec des prestataires qui viennent planter mécaniquement. Les semis sont de bonne qualité, l’entretien de la culture est plus facile et la récolte est belle. Les distances sont bien respectées, il n’y a pas de doublons. Y a pas que le terrain qui fait la réussite. Y a le travail du sol en amont. Par exemple, cette année on a eu des problèmes avec les patates douces. On les plante sur des espaces carrés d'un 1m50 qu’on nomme des « planches ». Sur six planches, deux étaient trop grasses, trop humides. On a eu moitié moins de rendement sur celles-ci."

Passage devant les poireaux et poireaux de Solaize. Une variété typique des Monts du Lyonnais. Lignes de vert franc et de bleu.
Il y a là 30 000 poireaux par ans, plantés à la machine. Pour les carottes aussi. Florian fourni les graines. Uniquement des graines certifiées. Elles sont certifiées pour germer et pour que leurs variétés ne soient pas croisées. Il se fournit chez une coopérative et un privé. Les deux en local. Le planning des plantations avec les producteurs de plans est réalisé en octobre/novembre pour l’année suivante. Tout est anticipé pour ne rien oublier et ne pas sauter de saison.

Quelques arbres fruitiers. Poires, pommes, pêchers, pêche de vigne
Des arbres de grand vent avec des vieilles variétés de pommiers et de cerises. À récolter dans sept ans !

Quelles sont tes motivations ?
- "Être indépendant, travailler à l’extérieur, être au contact des clients. Pouvoir leur transmettre des conseils, être à l'écoute de leurs attentes". Florian est très attaché au goût et choisi ses variétés avec précision.
C’est sa motivation première : tout faire du début à la fin. Tout maîtriser du semis à la vente.

Combien de personnes arrives-tu à nourrir ?
- « Aucune idée ! c’est une bonne question ! J’ai environ cinq cent clients par semaine. Une moyenne d’âge à cinquante ans. Il y a beaucoup de famille qui rajeunissent l’ensemble des retraités. Je fournis quelques épiceries et restaurateurs mais c’est anecdotique.
- « Je dirais 1 500 personnes !» Il s’étonne puis acquiesce.
- « C’est possible oui.» rires «Ça fait pas mal de monde !»

Sur une petite coline entourée de bois, de longue lignes de dégradé de vert serpentent sur le relief

Les Pressions Extérieures

Prix du marché

À chacune de mes rencontres avec des cultivateurs, je suis frappée par le paradoxe qui les accompagne au quotidien. D’un côté, l’utilisation des connaissances pour une maîtrise des sols et du vivant. L’amener à produire pour se nourrir. Et de l’autre, une soumission aux aléas extérieurs. Il y a la pression climatique et la pression des marchés. De ce côté, Florian n’est pas trop impacté puisqu’il a choisi une vente directe. Pour les circuits longs, la pression est énorme du fait du marché européen.

Calibrage

Pas de calibrage. Tout est ramassé, il en faut pour tout le monde. Des petites tailles, des grandes. Sous les serres, des salades, mâches, oignons, rougette, persil. Les blettes sont binées à la main. Trois variétés se succèdent. Florence va arracher les plants de haricots. Satisfaction après les avoir ramassés tout l’été !

Gel

Pour faire face au temps, il doit anticiper au maximum. Il nous explique que le gel est surtout très problématique pour les arbres. Il en fait peu, et ils sont relativement protégés par le versant qu’il a choisi. Les légumes sont moins impactés et l’alternance sous serre et plein champ lui permet de se sécuriser. Par ailleurs, cela oblige à respecter les saisons et c’est tant mieux. La tomate en hiver, c’est absurde.

Grêle

Cet été, le 9 juin dernier, un orage s’est formé au nord. «Ceux là, ils sont mortels. On sait qu’on a plus qu’à rentrer chez nous. On a dû tout replanter. On le sait. C’est comme ça.» Il dispose de filets pour protéger les cultures les plus fragiles. Mais ce jour là, il ne les avait pas.
Sa peur, c’est de perdre une production telle que la courgette. C’est un légume phare et rentable. Elle compense ceux qui ne le sont pas mais qu’il tient à cultiver. «Ils doivent être présents sur le banc car ils entrent dans la composition des recettes ».

Sécheresse

Florian dispose d’un système d’irrigation par aspersion tous les douze mètres. Avec réseaux de tuyaux pour l’été.

Sous les serres, c’est un goutte-à-goutte et une micro aspersion. Il essaye d’être très très économe. «On a 12 à 15K m3 d’eau pour la saison. Quand c’est vide, c’est vide.»
Dans les serres, l’oïdium s’est installé sur les tomates. Il partira grâce au gel et à la rotation des légumes. «Ça cassera le cycle du champignon.» Un paillage est utilisé au sol. Il est noir et laisse passer l’eau. Il réchauffe la serre au printemps et le climat est assez sain. Les serres sont chauffées uniquement avec le soleil

Fin de visite

On va faire tout le tour. À chaque pas, Florian évoque les spécificités pour chaque légume. Comment il pousse, à quoi il est sensible, comment intervenir. On reviendra dans l’étable et Florian nous montrera ses endives. Là aussi, il s’interroge. Comment gaspiller moins d’énergie, comment être malin et s’associer.
Et toujours, ce désir de diversité, de nouveauté. Je lui demande quel est son regard sur l’agriculture biologique. J’aimerais comprendre son point de vue. Et je crois que la réponse est culturelle.
«Je respecte chaque avis. Ça élargit l’offre. D’avoir de la culture bio ou de la culture comme nous, en raisonné. Parce que chaque personne à ses propres idées et ses convictions. Je ne suis pas en bio parce je n’avais pas envie de me convertir pour l’instant. C’est tout récent l’installation. Pour le bio, il faut deux ans de conversion. Pour le moment, je mise sur la proximité. Passer en bio me demanderait d’acheter des plans certifiés Bio. Et ce n’est pas le même prix. Il faudrait que je le répercute sur le prix de vente et ça ne me paraît pas justifié.»
Pour les chambres froides il prévoit de s’équiper en panneaux solaires autonomes.

Ces quelques heures furent passionnantes. Nourrir 1500 personnes, ça ressemble à ça pour Florian. C’est un travail incroyable et on le sent, en questionnement constant.